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La santé naturelle avec Sophie Lacoste

Un jardin plus économe en eau

Préserver la ressource en eau douce va de pair avec un jardin équilibré et en bonne santé. Voici de quoi motiver tous les jardiniers !

Certes, l’hiver a été humide. Pour autant, la question d’économiser l’eau est toujours présente à l’esprit des jardiniers soucieux de leur empreinte écologique. Bien cerner les facteurs influençant la consommation d’eau au jardin, en moyenne de 150 à 180 litres/m²/an, ouvre des perspectives pour conforter ou améliorer certaines de ses pratiques de jardinage (1).

La ressource en eau douce cette année est suffisante. Avec une pluviométrie record cet hiver et un excédent pluviométrique moyen national d’environ 50 %, le rechargement des nappes et des réserves a pu se faire dans la plupart des régions.

Quelques principes pour économiser l’eau au jardin

Soignez le sol, et surtout sa teneur en humus

Résultat de la dégradation lente de la matière organique dans le sol, l’humus améliore les qualités physiques du sol (aération, souplesse…) et ses qualités chimiques en formant le complexe argilo- humique, véritable garde-manger des plantes, qui capte les éléments minéraux et l’eau. L’humus augmente naturellement la réserve utile en eau, il retient jusqu’à 15 fois son volume – si toutefois le sol est perméable et que l’eau peut s’infiltrer.
=> Il est nécessaire d’apporter régulièrement de la matière organique. Vous pouvez le faire en trois fois : en début d’automne, au cours de l’hiver et début mai à raison de 20-25 litres/m², ou en deux fois : en début d’hiver (40 litres/m²) puis en avril-mai (20-25 litres/m²).
=> Si possible, broyez la matière organique (morceaux de 2 ou 3 cm) pour l’incorporer par un griffage de surface et faciliter le travail de la faune du sol.

Protégez le sol pour limiter l’évaporation de l’eau

Les solutions :

♦ les engrais verts,
♦ la culture sous couvert végétal
♦ l’enherbement permanent.

=> Cette dernière solution est possible dans les allées du potager (trèfle blanc…), au verger, dans les massifs ou au pied des arbres avec quelques couvre-sol peu gourmands en eau (pavot de Californie, géranium vivace, saponaires, vergerette, ficoïde…) ou quelques sauvageonnes (véronique, mouron…).
=> Autre possibilité, le paillage organique : mauvaises herbes laissées sur place, paillages du commerce. Prévoyez au moins 5 cm d’épaisseur, excepté pour les déchets de tonte qui doivent pouvoir sécher rapidement sur place. Pour les paillages en paille, veillez à les épandre de façon à laisser passer l’eau de pluie.
Le paillage minéral est également efficace, des pierres plates peu coûteuses et locales peuvent faire l’affaire ; c’est une bonne occasion, par la suite, de surélever melons et courgettes, et d’éviter qu’ils ne s’abîment au contact de la terre.

Alimentez le sol avec des engrais naturels

Purin d’ortie, de consoude, utilisation d’algues, de poudre de roches, de sang séché, de corne, plumes broyées, cendres et autres sources « naturelles » d’éléments minéraux en respectant trois conditions :
=> provenance d’une filière bio,
=> pas d’utilisation excessive, surtout en ce qui concerne l’azote (2)
=> pas de produit unique. Il faut diversifier !

Tenez compte du microclimat

=> Cultivez des espèces dont les besoins en eau correspondent au régime local des pluies. Un printemps et/ou un automne humides ? Misez sur un jardin très fleuri à ces époques et acceptez le creux de l’été !
=> Optez aussi pour des plantes aux morphologies adaptées pour affronter le déficit hydrique : racines profondes pour gagner la proximité des nappes d’eau ou système racinaire de surface très étendu pour capter les gouttes de pluie ou de rosée ; dispositifs pour limiter les pertes d’eau par évaporation, au niveau des feuilles notamment : poils, cuticule, feuilles épaisses (comme les succulentes ou les cactées), mécanisme de fermeture des stomates (3).
=> Inviter dans votre jardin des plantes sauvages locales, c’est s’adapter au régime habituel des pluies. Pensez aux coquelicots, nielles, bleuets (plantes messicoles), fumeterre officinale, reines-des-prés, gesses, vesces, linaires officinales pour les endroits ensoleillés, les pervenches, violettes, bugles pour les zones ombragées…
=> N’oubliez pas le rôle asséchant du vent !

Quelques astuces pour arroser

=> Prévoyez des arrosages abondants et espacés.
=> Au printemps, arrosez en matinée et en été avant le crépuscule.
=> Les apports d’eau sont fonction du climat et du cycle de la plante.
=> Pour réduire les besoins en eau de vos plantes, arrosez-les régulièrement avec du purin de pissenlit ou d’une autre plante riche en potassium (1 litre d’extrait fermenté pour 5 litres d’eau).
En complément, utilisez les techniques traditionnelles de cuvettes ou de rigoles pour amener l’eau directement aux racines.
=> Limitez la concurrence des herbes indésirables et l’évaporation de l’eau du sol par le traditionnel binage : « un binage vaut deux arrosages » !

Le potager : quelques réflexes efficaces

=> Profitez de l’eau quand elle tombe et stockez-la au maximum !
=> Travaillez avec des espèces et des variétés qui supportent le déficit hydrique (remplacez les épinards par la tétragone, l’artichaut par le topinambour, plus économe en eau et qui a un goût proche…), et avec des plants cultivés localement qui s’acclimatent plus facilement.
=> Pensez aux variétés précoces pour leur temps de culture plus court, elles consomment moins d’eau, surtout si elles sont semées tôt en climat océanique ou méditerranéen.
=> Regroupez vos semis dans une pépinière, il sera plus facile de les maintenir à l’ombre avec l’installation d’une « ombrière maison » et de créer localement une hygrométrie plus forte.
=> Évitez le bêchage qui accélère la dégradation de l’humus : sa disparition réduit le stockage d’eau dans le sol et perturbe la vie microbienne qui a un rôle dans l’accès à l’eau et aux nutriments.

Les économies d’eau au jardin d’ornement…

Les diverses techniques évoquées plus haut sont transférables aux massifs et aux haies. Notez que les plantes originaires de milieu sec ou les plantes produites en pépinière de plein air s’adaptent mieux aux variations climatiques.
=> Pour planter, retenez des plantes « chameaux » ou, autre solution, passez progressivement à la « naturalisation » (4) de votre jardin.
=> Quelques exemples d’arbres sobres : mimosa, robinier faux acacia, arbre de Judée, néflier du Japon aux savoureux fruits, oranger des Osages…
Du côté des arbustes : arbousier, perovskia, laurier-tin, éleagnus, buddléia, céanothe, escallonia, laurier rose, gatillier, pyracantha, rosier chinois, glycine de Chine, lavatère, potentille…
Parmi les vivaces : valériane rouge, vergerette, ficoïde, achillées millefeuilles, chardon, géranium couvre-sol, immortelle d’Italie, hémérocalle, hélianthème, fenouil (parfois un peu envahissant), fétuque bleue, santoline, genêt d’Espagne, thym serpolet (très décoratif), ciste, sedum, camomille, lavande…
=> Modifiez progressivement vos massifs en semant diverses espèces indigènes champêtres qui vont grainer sur place pour, à terme, constituer un massif fleuri dont la composition se modifiera en fonction du climat et des disponibilités en eau.
Une année plus sèche, certaines plantes seront peu représentées ou absentes, mais leurs graines, toujours présentes dans le sol, germeront l’année suivante si celle-ci est plus humide.

Comment commencer ?

Vous trouverez dans le commerce des mélanges de plantes champêtres adaptées à votre région ou s’adaptant un peu partout. Semez-les assez dense et laissez faire les choses. Éventuellement, refaites un semis l’année suivante ou deux ans après en cas de mauvaise levée ou de pertes.

(1) En s’appuyant sur les chiffres de la consommation d’eau du réseau par les jardins familiaux essentiellement à vocation potagère.
(2) Une fertilisation azotée abondante favorise l’augmentation de la teneur en eau des plantes donc à la fois leur consommation en eau et leur sensibilité au manque d’eau.
(3) Stomates : ouvertures situées sur la surface de la feuille qui permettent la transpiration des plantes.
(4) Naturalisation : laisser les plantes se semer seules, certaines disparaîtront, les plus adaptées prospéreront.

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