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La santé naturelle avec Sophie Lacoste

Votre adolescent se scarifie… est-ce grave ?

Les scarifications, autrement dit le fait de se taillader la peau à plusieurs reprises, à l’intérieur du poignet par exemple, sont assez fréquentes chez les adolescents et ne correspondent pas à un geste suicidaire.

La scarification, comportement étrange d’automutilation qui consiste à s’entailler la peau au moyen d’un cutter, d’une lame de rasoir, d’un morceau de verre ou d’une pointe de compas, n’est pas aussi rare qu’on pourrait le penser. Il semblerait qu’un adolescent sur six l’a expérimentée (plus souvent les filles que les garçons). Leur nombre ne cesse d’augmenter. Souvent pratiquée à l’adolescence, elle concerne également certains adultes. La scarification n’est pas une pratique uniquement française et concerne tous les pays, le Royaume-Uni en étant le champion européen. Et dans certains d’entre eux, en Afrique notamment, elle est considérée comme une pratique culturelle.

L’intérieur du poignet surtout

Les raisons du recours à la scarification restent encore mystérieuses et mal identifiées. En majorité, la zone de scarification se situe au niveau de la face interne du poignet, voire parfois des deux poignets. Plus rarement, elles s’effectuent au niveau des cuisses ou des bras. Ces scarifications superficielles sont parallèles, donnent lieu à un petit saignement bénin et laissent des petites cicatrices, très discrètes et peu délabrantes. Si la scarification en elle-même n’est pas dangereuse, dans la mesure où elle demeure superficielle et n’atteint pas les gros vaisseaux du poignet, l’artère radiale notamment, elle demeure dangereuse du fait du risque infectieux.

L’adolescent peut y recourir plusieurs fois de suite. Fait étrange, il ne “repasse” que rarement sur les anciennes cicatrices.

Absence de douleurs

Les adolescents qui se scarifient disent ne ressentir que peu de douleur. De toute façon, ces mêmes adolescents peuvent recourir aux tatouages et autres piercings qui ne sont pas indolores selon les zones concernées. La douleur ne semble donc pas être un frein à ces pratiques.

Pas de suture

Sauf exception (plaie profonde, écartement majeur des berges, risque d’infection…), la suture n’est pas nécessaire du fait de la superficialité des plaies et de l’absence de saignement intense. Des Steri-strip suffisent le plus souvent à rapprocher les berges et à assurer une cicatrisation satisfaisante.

L’expression d’un mal-être…

L’adolescence est une période problématique. Les adolescents ne sont plus des enfants et pas encore des adultes. Mal-être dans leur corps ou leur genre pour certains, mauvaise estime de soi, harcèlement scolaire ou sur les réseaux sociaux (sur le poids, sexuel, etc.), conflits pour d’autres, abus sexuel parfois, usage de produits psychoactifs (cannabis, cigarettes, alcool…) sans parler des conséquences corporelles liées à la puberté et des rapports conflictuels avec leurs parents… Les raisons qui peuvent expliquer ce mal-être général ne manquent pas et constituent autant de motifs pour s’entailler la peau chez l’adolescent un peu perdu dans sa vie. C’est tout l’intérêt d’une consultation destinée à en retrouver les causes et à les relativiser.

… Plus qu’un comportement autodestructeur

Pour autant, de nombreux adolescents ont du mal à identifier avec précision pourquoi ils recourent à la scarification. Beaucoup ne souhaitent pas communiquer sur leur geste. Une chose est sûre, la scarification leur procure une forme d’apaisement transitoire. D’après certaines études, de nombreux adolescents se scarifiant seraient en dépression, la scarification devenant alors plus un signal d’alarme qu’une pathologie psychiatrique à proprement parler. Enfin, et c’est peut-être le plus important pour les parents d’adolescents qui se scarifient ou qui pourraient y recourir, la grande majorité des spécialistes s’accordent à dire que la scarification n’a pas valeur de tentative de suicide ni d’autodestruction.

Un suivi indispensable

Même si cette automutilation n’est pas comparable à une tentative de suicide, il convient de suivre l’adolescent de près. Une consultation auprès d’un professionnel de la santé mentale est indispensable (psychiatre, psychologue…) afin de mettre en place un suivi, d’évaluer la détresse psychologique et, le cas échéant, de déterminer les causes de l’automutilation. Le recours aux traitements peut être nécessaire (anxiolytiques, antidépresseurs…).

Prévention

Quand on est parent, parler avec son adolescent est capital pour détecter les situations propres au comportement de scarification, notamment le harcèlement ou le recours aux produits addictifs qui semblent être des causes majeures. Il ne faut pas le culpabiliser, encore moins le juger, et éviter tout ce qui peut renforcer l’image négative qu’il a de lui-même. Enfin, les infirmières scolaires qui jouent un rôle central dans la santé mentale des adolescents peuvent agir efficacement en amont, à condition d’être formées à cette thématique spécifique.

L’ère des tatouages et des piercings
L’enveloppe corporelle cutanée n’est plus un sanctuaire inviolable, si l’on en croit la population de jeunes adultes tatoués ou piercés. D’où, peut-être, l’absence de “scrupules” de la part des adolescents qui n’hésitent plus à s’automutiler sans se soucier des séquelles cutanées ou de leur image corporelle. D’après les statistiques, 20 % de la population serait tatouée. Et le nombre de tatouages a doublé en l’espace de 10 ans. Les scarifications pourraient s’apparenter pour certains à une forme d’acte presque tribal, bénin, ou à un rituel de passage pour d’autres.

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