Zoom sur la vitamine D
Compléments alimentaires : les essentiels

Après avoir évoqué les multivitamines dans le précédent numéro, place aux ingrédients unitaires essentiels. Et quoi de plus normal que de commencer par le nutriment dont on manque le plus, à savoir la vitamine D.
Un sondage Ifop réalisé l’année dernière révèle que les idées reçues concernant cette vitamine ont la vie dure malgré l’importante couverture médiatique dont elle bénéficie. Cet article m’offre donc l’occasion de tordre le coup une nouvelle fois à quelques-unes de ces idées reçues.
Pour commencer, coup d’œil dans le rétroviseur : cela fait presque 10 ans que j’ai entrepris d’alerter le public francophone sur un problème de santé publique sous-estimé jusque-là : l’épidémie mondiale de déficit en vitamine D. Ne ménageant pas ma peine, je n’ai eu de cesse de propager la « bonne parole » à travers articles, interviews et conférences, sans oublier la création d’un blog et la publication d’un ouvrage de référence toujours disponible. Je croyais avoir activement participé à faire reculer l’ignorance et les idées fausses sur la vitamine D véhiculées par les médias et de trop nombreux professionnels de santé, mais les résultats d’un sondage Ifop réalisé l’année dernière m’ont fait déchanter.
Le sondage qui jette un froid
Commandé par Mylan, ce sondage révèle que « les Français ne sont pas suffisamment informés sur les bénéfices de la vitamine D et sur les risques engendrés par un déficit ». Illustration en quelques points de ce manque de connaissance claire à propos de la vitamine D :
⇒ Si la quasi-totalité des répondants déclare avoir déjà entendu parler de la vitamine D, les deux tiers d’entre eux ne savent pas vraiment quel en est le bénéfice. Ils ne sont qu’une moitié à associer spontanément la vitamine D à l’assimilation du calcium et à une action sur les os.
⇒ Seul un répondant sur cinq pense manquer de vitamine D. En réalité, ils sont neuf sur dix à être déficitaires en vitamine D au sortir de l’hiver !
⇒ Plus de la moitié des répondants pensent que l’exposition au soleil en hiver permet de se procurer suffisamment de vitamine D. La vérité, c’est que dans tous les pays situés au-delà de 40° de latitude Nord ou Sud, la synthèse cutanée de vitamine D n’est plus possible pendant au moins 6 mois, soit de mi-octobre à mi-avril à Paris (latitude 48 °N).
⇒ La moitié des répondants pense qu’une alimentation équilibrée permet, à elle seule, de se procurer suffisamment de vitamine D. En réalité, l’alimentation ne permet de couvrir que 5 à 10 % des besoins en vitamine D – et encore, à condition de se gaver de poissons gras !
⇒ Enfin, la moitié des répondants pense que le déficit en vitamine D vient avec l’âge. En réalité, le manque de vitamine D affecte TOUTES les tranches d’âge. Si vous n’en êtes pas convaincu, les tableaux qui suivent vont vous donner un large aperçu des conséquences sur la santé d’un déficit en vitamine D à toutes les étapes de l’existence (1).

Déficit en vitamine D et les risques encourus
Prime enfance :
• Faible poids de naissance
• Diarrhée à rotavirus
• Infections respiratoires sévères, notamment bronchiolite sévère
• Asthme infantile
• Dermatite atopique
Enfance et adolescence
• Diabète de type 1
• Puberté précoce chez les filles
• Douleurs inexpliquées aux jambes et à la poitrine
• Faible capital osseux
• Troubles métaboliques
• Dépression
Jeunes adultes
• Sclérose en plaques (voir encadré)
• Diabète gestationnel et prééclampsie chez la femme enceinte
Adultes
• Dépression saisonnière
• Sensibilité aux infections respiratoires
• Prédiabète/diabète de type 2
• Athérosclérose
• Hypertension artérielle
• Syndrome de l’intestin irritable
• Syndrome des jambes sans repos
• Psoriasis
• Ostéoporose
• Polyarthrite rhumatoïde
• Vertiges (VPPB)
• Cancers
Personnes âgées et très âgées
• Chutes et fractures
• AVC et post-AVC
• Insuffisance cardiaque
• Maladies nosocomiales
• Pneumonie
• Septicémie
• Incontinence urinaire ou anale
En pratique
La cure de vitamine D gagne à être effectuée durant toute la saison froide afin de compenser l’absence de synthèse cutanée.
Comme il y a environ huit chances sur dix que vous manquiez de vitamine D – que vous soyez jeune, adulte ou senior –, pas la peine de perdre du temps et de l’argent à réaliser un test sanguin avant de commencer la cure. En revanche, ne faites pas l’impasse sur le dosage sanguin de contrôle après quelques mois de supplémentation afin de vérifier où en est votre taux sérique de vitamine D.
Concernant la cure en elle-même, appliquez la règle des « 4 » :
♦ « 4 » comme 4000 UI par jour de vitamine D
♦ « 4 » comme 4 mois de supplémentation
♦ « 4 » comme 40 ng/ml
Après 4 mois de supplémentation, procédez à un dosage sanguin afin de vérifier si vous avez au moins atteint la valeur seuil optimale de 40 ng/ml.
Depuis des années, je répète à l’envi qu’il faut distinguer valeur seuil minimale et valeur seuil optimale. La valeur seuil minimale – celle qui permet de bénéficier des effets osseux de la vitamine D – est de 30 ng/ml (valeur plancher de référence habituellement mentionnée sur les résultats d’analyse). En revanche, la valeur seuil optimale – celle qui permet de bénéficier des effets extra-osseux de la vitamine D, en particulier au niveau de l’immunité – se situe à 40 ng/ml.
Gardez à l’esprit que la réponse individuelle à la supplémentation peut varier en fonction de divers paramètres : âge avancé, déficit en magnésium, malabsorption intestinale, polymorphisme génétique… Pour évoquer le paramètre de l’âge, des chercheurs ont ainsi montré qu’une dose de 5000 UI par jour était nécessaire pour assurer le maintien d’un taux sérique convenable (> 30 ng/ml) chez les plus de 65 ans, là où 2000 UI par jour suffisaient chez les moins de 65 ans. Ne zappez donc pas le test sanguin de contrôle à la fin de la cure.
Notes
(1) Si le déficit en vitamine D ne constitue pas nécessairement la cause première des troubles de santé énumérés dans les tableaux, on peut a minima lui attribuer le rôle de facteur précipitant ou aggravant.
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