Glyphosate comme si de rien n’était…
Le 13 octobre dernier, la Commission européenne a repoussé la validation de la réautorisation pour 10 années supplémentaires du glyphosate, cet herbicide mieux connu sous son nom de Roundup. Mais tout indique une réautorisation prochaine… Les enjeux sont de taille et il est difficile de croire à l’innocuité de la molécule quand on sait que la société qui la commercialise a tout fait pour fausser les études la concernant. On se souvient des “Monsanto papers”, des documents rendus publics en 2017 qui montrent combien la firme a fait pression sur des associations ou même payé des scientifiques pour signer des articles montrant la soi-disant innocuité du produit. La campagne d’influence a été démontée et démontrée sans que, pour autant, le glyphosate ne soit enfin interdit. Pourtant, il est classé “cancérigène probable” pour les humains depuis 2015 par le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) qui, lui, se base sur des études indépendantes. On suspecte notamment le glyphosate d’être à l’origine de lymphomes non hodgkiniens. Aux États-Unis, Monsanto a d’ailleurs été condamné en 2018 à la suite de la plainte de Dewayne Johnson, un jardinier américain malade d’un cancer attribué à son exposition à des herbicides contenant du glyphosate. En France, en mars 2022, Sabine Grateloup, dont le fils Théo est né avec de graves malformations, a obtenu que son exposition au glyphosate lors de sa grossesse soit prise en compte. Les experts du fonds d’indemnisation des victimes de pesticides (FIVP) ont reconnu “la possibilité du lien de causalité entre la pathologie de l’enfant et l’exposition aux pesticides durant la période prénatale du fait de l’activité professionnelle de l’un ou des deux parents”. Le 11 octobre dernier, ce sont des médecins spécialistes des maladies neurodégénératives qui ont publié une tribune dans Le Monde pour alerter les Autorités et leur demander de concevoir un nouveau cadre d’évaluation ciblant les risques de développer des maladies neurodégénératives (un exemple : en France, le risque de maladie de Parkinson chez les viticulteurs exposés aux pesticides est 2,5 fois plus élevé que la moyenne, et cette pathologie a été reconnue comme maladie professionnelle).