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La santé naturelle avec Sophie Lacoste

Hypnose et gestion de la douleur…

... ou la douleur comme un doux leurre

La magie de l'hypnose, de l'hypnose de spectacle à l'hypnose thérapeutique, utilise un ensemble de suggestions qui permettent de transe-former les perceptions rationnelles. Du sourire du sujet que l'on transperce sur la scène, à l'anesthésie au bloc opératoire, comment la transe hypnotique parvient-elle à ses fins ?

Dans l’enfance, la « douleur » est une découverte, une information, une expérience, puis, très vite, sa gestion devient un apprentissage qui dépendra beaucoup de l’environnement, de la culture, de l’éducation et aussi de nos croyances. Alors comment l’hypnose, de façon si naturelle et si surprenante à la fois, pourra-t-elle déconnecter notre conscience au point de rendre agréable et confortable une douleur parfois intolérable ?

Perçons ce mystère au fil de l’Histoire

Toutes les cultures et toutes les époques ont, chacune à leur manière, exploité ce fonctionnement mental particulier appelé « transe ».

En France, l’hypnose apparaît dans le domaine médical au moment de la Révolution grâce à un certain Anton Messmer (et l’on devine pourquoi le Nouveau Fascinateur* a repris ce nom initiatique !) qui s’intéresse au « magnétisme animal ».

Le terme d’hypnotisme a été créé bien plus tard, en 1843, en référence à Hypnos, dieu grec du sommeil.
L’avènement des découvertes pharmaceutiques en anesthésie a fait passer l’hypnose au second plan, et l’hypnose telle qu’elle se pratiquait en France a alors franchi les frontières. Un jeune étudiant en médecine qui deviendra un psychiatre américain de renom, le Dr Milton Erickson, lui consacrera sa vie.

Qu’est-ce que l’hypnose ?

L’hypnose est un État élargi de Conscience (selon la définition de Dany Dan Debeix, fondateur et directeur de l’École Centrale d’Hypnose) : un état mental modifié, imaginatif, aussi appelé « transe », dans un corps qui, lui, « sommeille » ou qui peut être aussi automatisé dans une autre tâche, comme danser, par exemple. Un individu en transe modifie son rapport à l’environnement, avec les personnes présentes et avec son monde mental et physique ordinaire. Il accède alors à une autre dimension du monde, un monde invisible, voire magique, et surtout onirique.

Et justement, quelle est la part du rêve et/ou de la simple distraction dans le phénomène hypnotique ?

Penser à un simple souvenir, aussi plaisant soit-il, peut-il être suffisant pour être en état d’hypnose ?
La réponse est non.

En cas de douleur, une personne qui « mime » l’hypnose ne ressent pas la même chose qu’une personne réellement hypnotisée.

Des expériences qui comportaient trois groupes (un groupe témoin de personnes non hypnotisées, un groupe de personnes faisant croire au praticien qu’elles étaient en état d’hypnose et un troisième groupe réellement sous hypnose) ont montré que celles qui faisaient croire à l’hypnotiseur qu’elles étaient hypnotisées étaient 16 % plus réceptives à la douleur que le groupe témoin, et que les personnes réellement hypnotisées étaient significativement moins sensibles de 47 % par rapport à ce même groupe témoin.

Il existe donc bien une modulation de la douleur par la « transe », qu’elle soit naturelle ou induite par un hypnothérapeute.

C’est cette ressource primordiale, innée et en chacun de nous, que l’hypnose et les techniques hypnotiques réapprennent à mobiliser.

Car l’hypnose et les phénomènes hypnotiques sont un ensemble de techniques qui utilisent le fonctionnement de l’inconscient pour effectuer ces modifications mentales, dans un sens bénéfique pour la gestion de notre stress, de nos douleurs, de nos souffrances.

Et maintenant, qu’est-ce que la douleur ?

La douleur, selon la définition « consacrée » consiste en « une expérience sensorielle et émotionnelle désagréable, associée à une lésion tissulaire réelle ou potentielle, ou décrite dans des termes évoquant une telle lésion ».
L’objectif de l’hypnose est donc d’utiliser les intérêts de la transe spontanée et de favoriser et de développer l’accès à l’imaginaire du patient pour redéfinir une interprétation négative.

Conditions indispensables à la réussite

Quatre conditions fondamentales sont indispensables pour prétendre remplacer une analgésie médicamenteuse (traitement antidouleur) par une analgésie hypnotique :

• La motivation
• La coopération
• La confiance
• Les ressources imaginaires du patient

L’hypnose est donc un puissant outil thérapeutique qui par son État élargi de Conscience permet une plus grande suggestibilité dans le but de faciliter des changements psychiques, physiques, comportementaux et même neurobiologiques.

Comment utilise-t-on l’hypnose pour diminuer et modifier la douleur, et dans quels autres domaines peut-on élargir son champ d’action ?

La première des choses est de reconnaître la douleur, d’accepter la douleur de l’autre, ou sa propre douleur. Car on ne peut pas se battre ou même communiquer avec quelque chose que l’on nierait, ou qui n’existerait pas.
– Donc la reconnaître, la mettre en mots, mettre des mots sur les maux,

Puis accepter qu’elle soit là, lui donner un sens ou une finalité,
Et petit à petit l’apprivoiser, la symboliser, la « chosifier ».
Ensuite la fragmenter, la déplacer, la dissocier, voire prendre le temps de s’apercevoir des moments où elle diminue, et des moments où au contraire elle s’accentue, et là, futuriser ces moments de calme et leur donner un sens, de progression ou de guérison.
Une fois que la douleur est reconnue là où elle est, on peut utiliser la diversion, la distraction, la métaphore pour jouer avec le reste de notre corps et ré- appréhender tout ce qui est sain, vrai, fort encore en nous.
Bref, s’autoriser à redécouvrir son environnement, se redécouvrir, épanouir un espace bien plus grand, bien plus ouvert (élargir cet état de conscience) plus en lien avec toutes les sensations, les 5 sens, toutes les sensorialités.
Revoir le monde autour de nous, en écouter les musiques, les murmures, en ressentir des émotions plus apaisantes, et peut-être inspirer sur un doux parfum, et sourire.

De nombreuses indications

Plusieurs écoles forment aujourd’hui des hypno-thérapeutes. Leurs enseignements peuvent différer, mais il n’y a pas qu’une seule manière de bien faire de l’hypnose, d’autant plus que chaque thérapeute développe son savoir-faire avec l’expérience. Votre choix dépendra de la qualification du praticien et de vos impressions lors d’un premier contact ou lors d’une simple demande de renseignements.

Ces écoles, dont la liste n’est pas exhaustive, bien sûr, proposent des annuaires de praticiens :
École Centrale d’Hypnose (ECH) -01 40 33 01 14 – www.ecole-centrale-hypnose.fr/annuaire
Association Française d’Hypnose (AFHYP) – www.afhyp.fr
Association Française d’Étude de l’Hypnose Médicale (AFEHM) – 01 42 56 65 65 – www.hypnose-medicale.com
Ces annuaires vous indiqueront les coordonnées de leurs praticiens partout en France.

Dr Marie-Pascale QUIRIN – Anesthésiste Réanimateur, École Centrale Hypnose Bordeaux

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