Résistons !
Et ce n’est qu’en associant nos efforts que nous pourrons résister à ce que nous préparent ceux qui tirent les ficelles de l’économie mondiale (dont dépend aussi notre santé…).
Tout d’abord, première étape : être correctement informés. Car, à l’heure où internet et les medias sont d’une incroyable rapidité, on peut tout entendre et son contraire. Pour faire de l’audience, qu’importe la réalité… Il nous revient donc de faire preuve de discernement. Mais aussi de regarder plus loin que le bout de notre nez. En ce qui concerne la santé comme le reste. Car tout est lié !
Dans ce magazine, vous apprendrez comment on est en train de planter des OGM dans notre pays alors qu’ils sont censés être interdits. Eh bien oui, tout dépend de ce qu’on appelle OGM. Et si les pouvoirs publics décident que les définitions scientifique et juridique ne sont pas identiques, tout est possible ! Que faire ? Les faucheurs volontaires font de la résistance. Et risquent la prison, certes. Mais, plus ils seront nombreux, plus ils seront soutenus, plus ils seront écoutés… Et il deviendra difficile de les faire passer pour des délinquants. C’est peut-être seulement à ce prix-là que l’on pourra freiner l’invasion des OGM, mais aussi l’utilisation massive d’insecticides et l’atteinte à la biodiversité qui les accompagnent naturellement. Pour notre santé, c’est impératif !
Dans ce numéro, vous découvrirez aussi l’histoire de Relmu Ñamcu, cette Argentine qui se bat aux côtés des siens pour que les pétroliers cessent de dévaster leur territoire en le polluant. Nous luttons chez nous contre l’exploitation des gaz et des pétroles de schiste, nous devons soutenir ceux qui en sont victimes partout ailleurs.
Ce n’est pas en nous intéressant seulement à nos petites misères que nous vivrons mieux, c’est certain.
Par milliers chaque année, des personnes meurent noyées en ayant voulu traverser la mer pour avoir à manger et un peu de liberté. Certes, nos pays ne sont sans doute pas l’Eldorado auquel ils rêvent, mais nous sommes tellement privilégiés… Prenons conscience de notre chance et réfléchissons tous aux moyens de la partager plutôt que de nous recroqueviller sur notre nombril.
Et soutenons chacun à notre niveau les engagements qui nous paraissent légitimes. Il ne s’agit pas seulement de militer ou de faire un chèque à une association, on peut aussi, dans sa vie de tous les jours, vivre selon ses engagements : manger bio, s’inscrire dans une AMAP, recoudre son pantalon au lieu d’en acheter un neuf, éviter de choisir un diesel même si ça revient moins cher (quitte à moins rouler), choisir les produits qui n’ont pas de double emballage, ne pas pousser son médecin à la prescription d’antibiotiques, prévenir plutôt que guérir en mangeant un peu moins et en bougeant un peu plus…. Et ne pas se laisser submerger par nos petits tracas. Dans ce numéro, Pinar vous présente son amie Mylène et elle nous donne de l’énergie : après une vie très dure et malgré la maladie, cette femme de 90 ans danse encore !
« Le privé est politique », affirmait Simone de Beauvoir à propos du féminisme. C’est valable pour le reste. Ce que nous faisons, chacun à notre petite échelle, dans nos familles, dans nos maisons, rejaillit à l’extérieur. Chacun peut mener une résistance à la mesure de ses moyens. Soyons-en conscients.
Plus nous serons nombreux à réfléchir — à chercher des « solutions locales au désordre global », comme le dit Coline Serreau —, à résister, plus nous aurons de chances de ne pas laisser les intérêts économiques de quelques-uns l’emporter sur l’avenir de tous.
Sophie Lacoste
